Lorsque Barack Obama est devenu le premier Noir américain à être élu président des États-Unis d’Amérique en 2008, des visages dans la foule de Chicago étaient baignés de larmes. Il a déclaré que le changement était arrivé en Amérique et son discours visait à rompre avec la présidence de George W. Bush, qui avait entraîné les États-Unis dans une invasion difficile et majoritairement impopulaire en Irak.
Obama est largement considéré comme l’un des plus grands orateurs depuis la deuxième guerre mondiale, et, dans ce discours, il a fait un grand usage de la figure de style appelée “rythme ternaire”. Il s’agit d’une série de trois mots, phrases ou clauses parallèles.
Voici les premières lignes :
« Bonjour Chicago !
Si quelqu’un doute encore que l’Amérique est un endroit où tout est possible, si quelqu’un se demande encore si le rêve de nos fondateurs est encore vivant à notre époque, si quelqu’un s’interroge encore sur le pouvoir de notre démocratie, ce soir, vous aurez la réponse.
C’est la réponse donnée par les files d’attente qui se sont étendues autour des écoles et des églises en nombre jamais vu dans ce pays […]
C’est la réponse donnée par les jeunes et les anciens, les riches et les pauvres, les démocrates et les républicains, les Noirs, les Blancs, les Hispaniques, les Asiatiques, les Amérindiens, les homosexuels, les hétérosexuels, les handicapés et ceux qui ne le sont pas […].
C’est la réponse qui a guidé ceux à qui l’on a tant dit pendant si longtemps d’être cyniques et perplexes au sujet de ce que nous pouvons accomplir […] »
Voici le lien si vous avez envie d’écouter, pour un effet Obama maximal !
Le rythme ternaire a pour effet de renforcer l’impact de l’écriture et de l’expression orale. Il permet de créer des images en mosaïque et des histoires courtes, comme le fait Obama lorsqu’il raconte les trois exemples commençant par « C’est la réponse… ». Chaque exemple diffère du précédent, mais contribue à un ensemble plus large, à une image plus étendue. Ces histoires sont en elles-mêmes des « preuves » et ajoutent de la crédibilité aux propos d’Obama. Le rythme ternaire est une figure de style, un outil efficace de persuasion.
John F. Kennedy a également privilégié cette technique dans son discours d’investiture du 20 janvier 1961, qui signalait l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération et d’un président de quarante-quatre ans. La phrase sans doute la plus célèbre, « Le flambeau a été transmis à une nouvelle génération d’Américains », cherche à tirer un trait sur le passé, comme le fait Obama.
Il est intéressant de savoir, en guise de post-scriptum, que Kennedy avait demandé à son rédacteur de discours, Theodore Sorensen, de trouver le secret du discours de Gettysburg d’Abraham Lincoln ! Secret ou non, nombreux sont ceux qui affirment que Kennedy a établi la norme à laquelle sont comparées de nombreuses inaugurations présidentielles modernes.