Selon le célèbre rédacteur de discours Simon Lancaster, la règle d’or d’un discours réussi est de garder à l’esprit que l’auditoire est plus important que l’orateur. La véritable mesure du succès d’un discours n’est pas le sentiment de bien-être que ressent l’orateur lorsqu’il quitte la scène à la fin, mais plutôt les discussions qui vont naître dans l’assistance ; ce que les spectateurs diront lorsqu’on leur demandera ce qu’ils ont pensé de l’intervention.
L’auditoire pourra-t-il se souvenir du sujet du discours ? Sera-t-il en mesure de résumer brièvement les idées principales ? Si la réponse est négative, le discours n’était tout simplement pas à la hauteur.
Frank Luntz, conseiller en communication aux États-Unis, souligne que « On peut avoir le plus beau message du monde, mais le destinataire le comprendra toujours à travers ses propres émotions, ses idées préconçues, ses préjugés et ses croyances antérieures ».
Un discours réussi est donc un discours durant lequel l’auditoire et l’orateur semblent être en phase. Il peut sembler un peu décourageant de constater que les gens applaudissent ce qu’ils considèrent être un grand discours, s’ils sont globalement du même avis. Ils applaudissent le fait que l’orateur ait pu monter sur scène et renforcer, de préférence avec une certaine dose de charisme, ce qu’ils pensaient eux aussi ! Nous ne convainquons pas les gens en disant à quel point nous sommes fabuleux, mais en disant à quel point ils sont fabuleux.
Cela peut sembler manipulateur, lorsque c’est écrit noir sur blanc, mais il s’agit en fait d’une amplification de la manière dont nous communiquons naturellement, lorsque nous essayons d’influencer un résultat.
Personne ne songerait à se présenter à un entretien d’embauche, par exemple, en cherchant à vendre des compétences et une expérience qui n’ont rien à voir avec le descriptif du poste. Un style de communication plus approprié consisterait à montrer que l’on a bien compris le travail en question (ou les besoins de l’auditoire), en établissant des liens avec son expérience passée et les compétences qui indiquent que l’on est apte à occuper le poste. De la même manière, les bons discours sont liés aux besoins et aux préoccupations de l’auditoire ; sinon, ils pourraient tout aussi bien être prononcés dans une salle vide.
Si la compréhension des besoins de l’auditoire permet à un discours de faire mouche, c’est l’utilisation de l’émotion qui fait pénétrer les idées dans le cœur et l’esprit des auditeurs. Mais cela fera l’objet d’un prochain article…